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Alors que les rues se parent de citrouilles et où l’on s’amuse à jouer avec nos peurs et à créer des frissons, il existe d’autres peurs, bien réelles celles-là, qui ne disparaissent pas une fois les lumières rallumées. Vivre avec la peur d’avoir peur, c’est souvent ça : une inquiétude constante, une tension intérieure persistante qui s’installe sans qu’on s’en rende compte, parfois liée à un trouble panique ou à d’autres troubles anxieux.

L’anxiété, sous toutes ses formes, fait partie de la vie. Elle peut nous protéger, nous alerter, nous pousser à agir — mais parfois, cette anxiété prend toute la place. Elle s’invite dans nos relations, nos décisions, nos nuits blanches, parfois accompagnée de symptômes physiques comme des maux de tête, de cœur, des palpitations, des tremblements ou de la transpiration. La peur de ne pas être à la hauteur, les incertitudes économiques, l’écoanxiété, ou encore les inquiétudes parentales : autant de visages d’une même émotion anxieuse qui cherche à nous dire quelque chose.

Et si, au lieu de fuir nos peurs, on apprenait à les écouter autrement ?

Quand l’anxiété nous sauvait la vie : comprendre l’origine des troubles anxieux

L’anxiété fait partie de nous depuis… toujours. Chez les hommes de Cro-Magnon, elle servait à survivre. Pendant que certains partaient chasser le mammouth, d’autres, plus prudents, anticipaient les dangers, surveillaient les abords du feu et préparaient des stratégies pour éviter le pire. En d’autres mots, les plus prudents, les plus anxieux d’entre eux — ceux qui anticipaient les dangers — étaient essentiels à la survie du groupe. Leur vigilance protégeait le groupe.

L’anxiété, utile à l’époque, est restée inscrite dans notre cerveau. Aujourd’hui, elle n’est plus déclenchée par les mammouths, mais par les échéances, les notifications, les responsabilités familiales ou économiques — autant de situations stressantes que notre cerveau associe à un danger. Ce qui était autrefois un mécanisme de survie est devenu, pour plusieurs, une source d’épuisement.

Et quand cette anxiété devient trop forte ou récurrente, elle peut se transformer en trouble d’anxiété généralisée, en phobie, ou encore en trouble panique. Dans ces cas, les signes et symptômes s’intensifient : le corps s’emballe, les pensées deviennent répétitives, la nervosité s’installe, et l’esprit n’arrive plus à faire la différence entre réel danger et fausses alertes.

La peur d’avoir peur: les formes subtiles de l’anxiété au quotidien

On parle souvent de l’anxiété comme d’un trouble en santé mentale, reconnu sur le plan médical. Mais pour bien des gens, l’anxiété s’installe sans diagnostic, presque en silence.  Selon les données du Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec, environ 21,5 % des personnes âgées de 12 ans et plus ressentent un stress intense ou des symptômes d’anxiété significatifs au quotidien — sans pour autant avoir reçu de diagnostic formel d’un trouble anxieux. Autrement dit, près d’un quart des Québécois vivent avec une anxiété qui influence concrètement leur bien-être, leurs décisions et leurs relations. (https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/statistiques-de-sante-et-de-bien-etre-selon-le-sexe-volet-national/stress-percu-dans-la-vie/) (https://statistique.quebec.ca/vitrine/egalite/dimensions-egalite/sante/troubles-anxiete?onglet=ensemble-de-la-population)

Pour plusieurs, ces formes d’anxiété prennent des formes très concrètes : la peur de ne pas être à la hauteur, les inquiétudes financières ou professionnelles, l’écoanxiété face à l’avenir de la planète, ou encore les peurs parentales. D’autres vivent avec des angoisses existentielles, difficiles à nommer mais bien réelles. Autant de visages d’une même émotion anxieuse, qui s’installe dans la vie quotidienne et teinte la façon dont nous avançons, aimons et espérons.

La peur de ne pas être à la hauteur

C’est sans doute l’une des formes les plus fréquentes d’anxiété. Elle se glisse dans nos pensées quand on doute de nos compétences, de notre valeur ou de notre capacité à répondre aux attentes — celles des autres, mais surtout les nôtres. Cette anxiété peut être irrationnelle : on veut trop bien faire, on redoute l’échec, on s’oublie en cherchant à prouver qu’on est « assez ». Parfois, elle pousse à l’évitement, à repousser des projets ou à s’isoler, par peur intense de ne pas réussir parfaitement.

Les angoisses relationnelles

Elles se cachent parfois derrière la peur d’être jugé, rejeté ou abandonné. D’autres fois, elles se manifestent par une envie de tout contrôler, de plaire à tout prix ou de deviner les besoins des autres avant même qu’ils s’expriment. Ces troubles anxieux puisent souvent leurs racines dans l’attachement, les expériences passées ou un besoin profond de sécurité affective.

Vivre avec cette anxiété, c’est souvent marcher sur un fil : vouloir être proche sans trop s’exposer, aimer tout en redoutant de perdre l’autre. Et plus l’anxiété s’installe, plus elle peut affecter la qualité des liens, créant le contraire de ce qu’elle cherche — la distance, l’incompréhension ou le silence.

Les inquiétudes sociales et économiques

Si nos ancêtres craignaient le froid ou les prédateurs, nos peurs d’aujourd’hui se sont déplacées vers d’autres menaces : l’instabilité financière, la performance au travail, le coût de la vie ou encore l’avenir de la société. Dans un monde stressant, où les comparaisons sont constantes, il devient difficile de ne pas ressentir de l’anxiété.

Ces inquiétudes alimentent une anxiété généralisée qui  se caractérise par une tension diffuse. On se réveille la nuit en pensant à nos paiements, à la peur de perdre ce qu’on a construit. Peu à peu, il use le corps et l’esprit, intensifiant les symptômes anxieux et rendant difficile de profiter du présent.

L’écoanxiété

Les images de catastrophes naturelles, les vagues de chaleur et les feux de forêt réveillent en plusieurs une anxiété intense : celle de l’avenir et de l’impuissance. L’écoanxiété naît de ce sentiment d’être dépassé. Elle touche autant les jeunes que les parents anxieux, inquiets pour leur futur. Cette anxiété peut être saine lorsqu’elle mène à l’action, mais disproportionnée par rapport au danger réel, elle devient traumatisante et persistante.

Les peurs parentales

Être parent, c’est aimer si fort qu’on en oublie parfois de respirer. Derrière cet amour immense se cachent souvent des troubles anxieux : peur que nos enfants ne réussissent pas, qu’ils soient rejetés, qu’ils souffrent. À une époque où la performance est omniprésente, ces inquiétudes prennent encore plus de place.

Cette forme d’anxiété peut mener au perfectionnisme ou à l’hypervigilance. On veut tout anticiper, tout contrôler. Mais cette anxiété peut aussi priver du plaisir de simplement être ensemble. Chez les personnes atteintes, on observe parfois les symptômes d’une tension constante ou une irritabilité accrue.

Les angoisses existentielles

Il arrive que l’anxiété ne porte pas de nom précis. Elle ne vient pas d’une situation concrète ni d’un événement particulier, mais d’un questionnement profond sur la vie : la peur de vieillir, de perdre ceux qu’on aime,  de ne pas donner assez de sens à ce qu’on fait. Ces angoisses existentielles émergent souvent dans les moments de transition ou lors d’un événement de la vie pouvant être traumatisant — une perte, un changement de carrière, un départ des enfants, une crise mondiale — ou simplement quand le rythme ralentit et que le silence nous ramène à nous-mêmes.

Ces pensées peuvent être déroutantes, voire effrayantes. Mais elles font partie de la condition humaine : elles nous rappellent que nous cherchons tous à comprendre, à exister, à laisser une trace. Elles peuvent toutefois nous emprisonner dans la réflexion au point d’oublier de vivre pleinement ce qui est déjà là.

Quand la peur devient moteur… ou prison

L’anxiété fait partie de la vie. Elle nous garde attentifs, nous pousse à anticiper, à nous préparer. Mais parfois, elle prend trop d’espace. Elle s’intensifie, s’installe, et transforme chaque situation en source de tension. Ce qui n’était qu’une inquiétude devient alors un véritable trouble anxieux : les pensées tournent en boucle, le corps s’épuise, et les émotions prennent le dessus sur la raison.

Quand l’anxiété dépasse la simple inquiétude, elle peut freiner le quotidien : éviter certaines activités, repousser des décisions importantes, s’isoler par peur de perdre le contrôle. Reconnaître ces signes, c’est déjà une façon d’agir. C’est comprendre que l’anxiété n’est pas une faiblesse, mais un signal qui demande écoute et accompagnement.

Apprendre à décoder ce signal, c’est aussi ouvrir la porte à des approches qui permettent de reprendre le dessus — qu’il s’agisse de psychothérapie, d’art-thérapie, de neuropsychologie ou de stratégies de régulation émotionnelle. Parce qu’entre vigilance et suradaptation, il existe un espace d’équilibre où l’esprit peut enfin respirer.

La différence entre l’anxiété et les troubles anxieux

Tout le monde vit de l’anxiété : avant un examen, une entrevue, une décision importante… C’est une réaction normale, même utile, qui nous prépare à faire face à une situation stressante. Mais lorsque cette anxiété devient constante, disproportionnée ou qu’elle interfère avec le quotidien, on parle alors d’un trouble anxieux.

Faire la différence entre une anxiété normale et un trouble anxieux permet d’agir plus tôt, avant que la peur ne prenne toute la place. Et lorsqu’elle s’installe, il ne s’agit pas d’un manque de volonté — mais d’un signal qu’il est temps de se faire accompagner.

Retrouver l’équilibre face à la peur et aux troubles anxieux

Retrouver l’équilibre, ce n’est pas faire disparaître la peur. C’est apprendre à vivre avec elle, à la reconnaître quand elle s’invite, à lui redonner la juste place qu’elle mérite — celle d’une émotion, et non d’un moteur.

Apaiser les troubles anxieux, c’est d’abord se donner la permission d’être imparfait, vulnérable, humain. C’est aussi accepter qu’on n’a pas à tout contrôler pour aller mieux. Parfois, cela commence par de petits gestes : ralentir, respirer, dire non, demander de l’aide, ou simplement se donner le droit d’exister sans performance.

Chez Familio, plusieurs professionnels peuvent accompagner ce cheminement :

Chaque démarche est unique, mais toutes partagent un même objectif : retrouver un peu plus de calme, de liberté et de présence à soi. Parce qu’au-delà des peurs et des troubles anxieux, il y a toujours un espace intérieur où la sérénité peut revenir — doucement, mais sûrement.

Besoin de soutien ?

Tu sens que la peur ou l’anxiété prend trop de place dans ton quotidien ? Chez Familio, nos professionnels sont là pour t’aider à comprendre ce que tu vis et à retrouver ton équilibre, à ton rythme. Prends rendez-vous dès aujourd’hui pour amorcer ton chemin vers plus de calme et de clarté.

Sources

Familio. Services interdisciplinaires en santé mentale pour enfants, adolescents, adultes et familles au Québec.
https://www.familio.ca/

Institut de la statistique du Québec. Données sur les troubles anxieux dans la population québécoise.
https://statistique.quebec.ca/vitrine/egalite/dimensions-egalite/sante/troubles-anxiete?onglet=ensemble-de-la-population

Ministère de la Santé et des Services sociaux. Statistiques sur le stress perçu dans la vie chez les Québécois.
https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/statistiques-de-sante-et-de-bien-etre-selon-le-sexe-volet-national/stress-percu-dans-la-vie/

Ressources

Anxiété Canada. Site éducatif bilingue avec des outils fondés sur les TCC pour comprendre et gérer l’anxiété (guides, exercices, vidéos, appli mobile).
https://www.anxietycanada.com/fr/

Anxiété Canada – Questionnaire GAD-7. Outil d’autoévaluation validé pour dépister l’anxiété généralisée, accessible gratuitement en ligne.
https://www.anxietycanada.com/fr/outils/questionnaire-gad-7/

Association canadienne pour la santé mentale – Québec. Organisme communautaire qui offre de l’information sur la santé mentale et des ressources régionales d’accompagnement.
https://quebec.acsm.ca/

CIUSSS MCQ – Boîte à outils Stress et anxiété. Ressources téléchargeables pour mieux comprendre, prévenir et gérer les symptômes d’anxiété au quotidien.
https://ciusssmcq.ca/sante-mentale/boite-a-outils-stress-et-anxiete/

Écoute Entraide. Ligne d’écoute empathique, sans jugement, offerte par des bénévoles formés pour les personnes vivant des difficultés émotionnelles ou relationnelles.
https://www.ecoute-entraide.org/

Groupe d’entraide G.E.M.E. Organisme d’entraide pour les personnes vivant de l’anxiété ou du stress, avec groupes hebdomadaires et services de soutien.
https://groupegeme.com/

Info-Social 811. Service gratuit d’aide psychosociale offert 24/7 par le gouvernement du Québec. Permet de parler avec un professionnel en composant le 811, option 2.
https://www.quebec.ca/sante/trouver-une-ressource/info-social-811

Ligne Parents. Service d’accompagnement confidentiel destiné aux parents d’enfants ou d’adolescents, offert par Tel-jeunes.
https://ligneparents.com/

MindShift CBT. Application gratuite basée sur les TCC, disponible en français, pour aider à gérer l’anxiété, les pensées négatives et le stress.
https://www.anxietycanada.com/fr/resources/mindshift-cbt/

Mon Sherpa. Application mobile francophone québécoise d’autogestion de la santé mentale, avec exercices personnalisés et soutien virtuel.
https://relief.ca/fr/mon-sherpa/

Phobies-Zéro. Organisme spécialisé dans les troubles anxieux et obsessionnels-compulsifs, avec ligne d’écoute, groupes d’entraide et ressources éducatives.
https://phobies-zero.qc.ca/

Relief. Organisme québécois en santé mentale spécialisé en autogestion de l’anxiété, la dépression et la bipolarité. Offre groupes d’entraide, outils et ateliers.
https://relief.ca/

Suicide.ca – Ligne 988. Service gratuit d’aide et de prévention du suicide disponible partout au Québec, accessible 24/7 par téléphone ou messagerie texte.
https://suicide.ca/

Tel-Aide. Ligne d’écoute téléphonique gratuite, confidentielle et anonyme, accessible 24/7 à toute personne vivant de la détresse ou de l’anxiété.
https://www.telaide.org/

Tel-jeunes. Service gratuit et confidentiel d’aide psychosociale pour les jeunes de 12 à 17 ans, par téléphone, texto ou clavardage.
https://teljeunes.com/