Activité physique et santé mentale: améliorer ses habitudes de vie, un pas à la fois

By Kym Lefebvre Gamache,
Activité physique et santé mentale - Les bienfaits

L’impact des problèmes de santé mentale est devenu une préoccupation majeure. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les troubles liés à la santé mentale sont classés au deuxième rang en termes de coût de morbidité, juste après les maladies cardiovasculaires. Au Canada, la Commission de la santé mentale souligne même que les problèmes de santé mentale touchent plus de personnes que les problèmes de santé physique chroniques. Face à cette réalité préoccupante, il est essentiel d’explorer les approches efficaces pour prévenir et gérer les troubles de santé mentale, et l’un de ces moyens est l’exercice physique. De nombreuses études ont en effet démontré comment l’activité physique permet d’améliorer la santé mentale, et cet article vise à examiner en détail cette relation bénéfique et ses bienfaits psychologiques.

 

Activité physique et santé mentale: les bienfaits

L’activité physique exerce une influence remarquablement positive sur notre bien-être mental, apportant une multitude de bienfaits à la fois immédiats et à long terme. Il est essentiel de comprendre comment cette activité peut affecter notre corps et notre esprit, tant lors d’une session ponctuelle que dans le cadre d’une pratique régulière. En explorant les différentes facettes de cette relation, nous révélerons les multiples dimensions par lesquelles l’activité physique peut améliorer notre santé mentale, du bien-être instantané à la stabilité émotionnelle durable.

Les bienfaits immédiats de l’activité physique sur la santé mentale

La pratique régulière de l’activité physique, par exemple, en s’engageant dans une routine d’exercice deux à quatre fois par semaine, a un effet stabilisateur sur l’humeur et renforce l’estime de soi, améliorant notre perception de nous-mêmes. De plus, elle favorise la gestion et la tolérance au stress, réduisant considérablement les symptômes des troubles anxieux et de la dépression. Après des épisodes stressants, la récupération est plus rapide chez ceux qui maintiennent une activité physique régulière, ce qui se traduit par une réponse au stress plus efficace. En outre, cette régularité renforce notre sentiment d’efficacité et de confiance en nous, tout en augmentant notre niveau d’énergie. 

Les mécanismes neurologiques en jeu

Ces bienfaits sont en grande partie attribuables au système nerveux. Lors de l’exercice, le système nerveux sympathique génère de l’adrénaline, procurant un regain d’énergie. Ensuite, après l’effort, le système nerveux parasympathique sécrète des endorphines, de la sérotonine et de la dopamine, favorisant la détente et le bien-être. Il convient de noter que l’environnement dans lequel on pratique l’activité physique joue également un rôle crucial. Les adolescents, par exemple, bénéficient davantage de l’exercice en équipe, réduisant ainsi les risques de troubles mentaux graves et même les possibles tentatives de suicide. Cependant, pour les adultes, le choix entre l’exercice en solitaire ou en groupe dépend de la personnalité de chacun. Certaines personnes plus matures préféreront s’entraîner seules pour tirer le meilleur parti de leurs séances d’exercice.

Le pouvoir de distraction de l’activité physique

Un autre aspect clé du lien entre l’activité physique et la santé mentale réside dans le pouvoir de distraction qu’elle exerce. Lorsque nous nous concentrons sur l’exercice physique, notre esprit est momentanément libéré des préoccupations et des pensées négatives qui pourraient nous envahir autrement. Cette distraction mentale contribue à apaiser les pensées négatives qui peuvent parfois nous accabler.

En somme, l’activité physique apporte une panoplie de bienfaits à la fois immédiats et durables pour la santé mentale. Que ce soit à travers la libération d’hormones du plaisir, la pratique régulière ou le pouvoir distractif de l’exercice, il est indéniable que maintenir une activité physique joue un rôle essentiel dans la promotion de la bonne santé mentale et des bienfaits psychologiques.

L’endroit idéal pour bouger

Lorsqu’il s’agit de choisir l’endroit idéal pour s’adonner à une activité physique, plusieurs éléments doivent être pris en compte afin d’optimiser les bienfaits sur la santé mentale.

Créer un espace de plaisir

Tout d’abord, il est essentiel de ne pas sous-estimer l’impact de l’environnement sur notre motivation et notre engagement dans l’exercice. Évitez de vous confiner dans un garage ou un sous-sol austère. Pour un maximum d’effets psychologiques positifs, optez plutôt pour une pièce que vous appréciez, une pièce baignée de lumière. Le facteur « fun » joue un rôle clé dans la régularité de votre activité physique à domicile.

La nature comme alliée

Pour ceux qui recherchent à la fois les bienfaits de l’activité physique et une source d’apaisement, l’extérieur est un choix judicieux. Marcher en forêt, se promener dans la nature, ou même faire de l’exercice dans les parcs offre une combinaison unique d’effets positifs sur la santé physique et mentale. Non seulement l’activité physique libère des endorphines, mais l’immersion en pleine nature apporte un sentiment de calme et d’énergie revitalisante, contribuant également au bien-être psychologique. Cette option est presque accessible à tout le monde et constitue un moyen simple et efficace de prendre soin de sa santé physique et mentale.

La danse : un remède pour le cerveau

Si vous recherchez une activité à la fois stimulante et bénéfique pour la prévention des troubles mentaux, la danse, surtout lorsqu’elle est partagée en famille, mérite une attention particulière. En plus de l’exercice physique, apprendre une chorégraphie sollicite la mémoire, la coordination et la créativité. Cette combinaison unique favorise le développement cognitif tout en renforçant le bien-être psychologique, réduisant ainsi les risques de troubles mentaux.

L’entraînement à domicile : accessible et abordable

Enfin, pour ceux qui préfèrent l’intimité de leur domicile, l’entraînement à la maison est une option pratique et économique, avec un budget de moins de 100 dollars pour l’équipement nécessaire. Cette approche permet de surmonter les obstacles liés à l’accès à une salle de sport et offre la flexibilité de s’entraîner à tout moment qui convient à votre emploi du temps. Cela peut avoir des effets positifs significatifs sur la santé physique en améliorant la force et l’endurance, tout en renforçant le bien-être psychologique.

En résumé, l’endroit idéal pour pratiquer une activité physique dépend de vos préférences personnelles, mais il est crucial de rechercher un environnement propice à la joie, possiblement dans la nature ou encore dans lequel vous vous sentez bien, selon vos besoins et objectifs.

5 conseils pour améliorer ses habitudes de vie

1- Choisir une activité que l’on aime

Le plaisir joue un rôle essentiel dans la pratique régulière d’une activité physique. Il est donc primordial de choisir une activité que vous aimez. Si le vélo n’est pas votre tasse de thé, ne vous forcez pas à acheter un vélo stationnaire pour en faire chez vous. Au lieu de cela, optez pour une activité en plein air qui correspond à vos préférences. En mettant le plaisir au premier plan, vous transformerez l’exercice en un moment agréable plutôt qu’en une corvée.

2- Se fixer des objectifs réalistes

Pour maintenir votre motivation, il est important de vous fixer des objectifs réalistes. Établissez des objectifs mesurables et adaptés à votre condition physique actuelle. Si vous ne pouvez pas courir 5 kilomètres, ne vous fixez pas comme objectif de le faire dans un mois. Au lieu de cela, donnez-vous comme objectif de courir trois fois par semaine. Cette approche vous permettra de progresser de manière réaliste et d’éviter les sentiments de découragement.

3- Respecter ses capacités : Éviter les comparaisons et écouter son corps

Il est crucial de respecter vos propres capacités et d’éviter de vous comparer aux autres. Chacun a son rythme et ses limites. Ainsi, les personnes âgées ou non actives ne devraient pas se comparer à des sportifs aguerris. Ne vous poussez pas au-delà de vos capacités et apprenez à écouter votre corps. En vous concentrant sur votre propre parcours, vous pourrez progresser à votre propre rythme et éviter les blessures liées à une surcharge excessive. 

4- Accepter les difficultés : Une approche sans recherche de perfection

Il est important d’accepter que parfois, les choses ne se passent pas comme prévu. Ne cherchez pas la perfection et reconnaissez qu’il peut y avoir des difficultés sur votre chemin. Il est normal de faire face à des obstacles et de connaître des échecs occasionnels. L’important est d’accepter ces moments, d’apprendre de vos expériences et de persévérer malgré tout.

5- S’entourer et partager : Renforcer le soutien social

Entourez-vous de personnes qui soutiennent vos objectifs et partagez vos aspirations avec elles. Lorsque vous communiquez vos objectifs et vos efforts à votre entourage, vous bénéficiez d’un soutien social précieux. Les autres peuvent vous encourager, vous motiver et vous tenir responsable de vos engagements envers votre santé mentale. En outre, entourez-vous de personnes qui pratiquent déjà une activité physique:. Leur présence et leur engagement positif dans l’exercice physique peuvent vous inspirer et vous créer un environnement propice à votre épanouissement physique et mental.

En suivant ces cinq conseils, vous pouvez améliorer vos habitudes de vie en accordant une place privilégiée au plaisir, en fixant des objectifs réalistes, en respectant vos capacités, en acceptant les difficultés et en vous entourant d’un soutien social. Intégrer l’activité physique à votre quotidien favorisera une meilleure santé mentale et contribuera à votre bien-être global.

Et si j’avais besoin d’une aide supplémentaire?

Lorsque l’on cherche à améliorer sa santé mentale par le biais de l’activité physique, il est important de reconnaître qu’il peut parfois être nécessaire de bénéficier d’une aide supplémentaire. C’est là que la kinésiologie entre en jeu. Un kinésiologue est un spécialiste de l’activité physique qui a suivi une formation universitaire en exercice physique, et qui possède également des connaissances en nutrition et en gestion du stress. Leur domaine d’expertise englobe tout ce qui concerne la santé, mais leur principal outil est le mouvement.

Les kinésiologues peuvent intervenir dans différents contextes, tels que les hôpitaux, les CLSC, les salles de sport en tant qu’entraîneurs, ou encore dans des programmes de réadaptation physique pour les personnes victimes d’accidents de la route. Ils peuvent également travailler en entreprise, en mettant en place des programmes de santé mieux-être et de prévention. Leur rôle est d’accompagner la personne dans sa démarche de santé globale.

Le kinésiologue adopte une approche holistique qui prend en considération la santé physique, le stress, la santé mentale et l’activité physique en tant qu’outil pour avancer. Leur objectif est d’aider les individus à intégrer l’activité physique de manière durable dans leur vie quotidienne, en les motivant et en favorisant leur autonomie. Contrairement à un simple coach sportif, un kinésiologue possède des connaissances approfondies sur le corps humain et les maladies, ce qui leur permet d’adapter les programmes d’activités physiques en fonction des besoins spécifiques de chaque personne.

Il est important de souligner que l’activité physique proposée par un kinésiologue ne se limite pas à un programme de musculation traditionnel. Il englobe tous les aspects de l’activité physique, tels que la marche, les étirements et d’autres formes d’exercices adaptés à chaque individu. L’objectif est de trouver des activités physiques que la personne apprécie réellement, afin de favoriser son engagement à long terme.

À la recherche d’un kinésiologue pouvant vous aider? Johanne Duquette adopte une approche centrée sur la santé globale et peut vous accompagner dans l’atteinte de vos objectifs de mieux-être, d’intégration de l’activité physique, de réadaptation, et dans l’adoption de saines habitudes de vie.

N’oubliez pas que votre santé mentale est précieuse. Si vous vous sentez plus fragile mentalement ou vous avez de la difficulté à fonctionner efficacement au quotidien, n’hésitez pas à aller chercher l’aide d’un professionnel de la santé mentale. Prendre soin de soi est essentiel, et il est important de demander de l’aide lorsque cela est nécessaire

* Un grand merci à Johanne Duquette qui a généreusement partagé son expertise lors de l’entrevue qui a mené à cet article de blogue.

Naviguer dans la parentalité : comprendre et soutenir les enfants non-binaires

By Kym Lefebvre Gamache,
Comprendre et soutenir les enfants non-binaires

Dans notre société en constante évolution, l’identité et l’expression de genre suscitent de plus en plus d’attention et de discussions. Alors que les projecteurs des médias se focalisent sur les débats enflammés autour des drag queens, une réalité plus profonde émerge: nos propres enfants se questionnent sur leur identité de genre. Et au milieu de ce tumulte d’émotions, une question persiste : s’agit-il simplement d’une tendance éphémère ou d’un phénomène bien réel ? Pour éclairer cette énigme délicate, nous avons eu le privilège de partager un moment sincère avec Geneviève, maman de Cléo, 11 ans, qui s’identifie comme enfant non binaire. Dans cette discussion empreinte d’émotions, nous avons exploré les complexités et les joies de soutenir un enfant qui défie les normes de genre, cherchant à comprendre leur véritable essence au-delà des apparences. Notez que les prénoms ont été changés pour des raisons de confidentialité.

Être non-binaire : qu’est-ce que c’est ?

Avant d’aller plus loin, prenons le temps de définir ce qu’est la non-binarité ainsi que quelques concepts clés qui y sont associés (Familles en transition, 2e édition, CTYS)  :

Sexe: terme médical faisant référence sexe au assigné à la naissance. Les termes les plus courants pour définir le sexe sont le masculin, le féminin et l’intersexe.

Identité de genre: Sentiment intime d’une personne qui fait qu’elle se sent être un homme ou une femme ou d’une identité autre. 

Expression de genre: Se dit de la façon dont une personne choisit de se présenter ou d’exprimer son identité de genre aux autres, souvent avec des comportements, des vêtements, une coiffure et des caractéristiques corporelles.

Orientation sexuelle: Attirance sexuelle ressentie à l’égard de certaines personnes. 

Non-binarité: Identité de genre qui ne correspond pas strictement aux catégories traditionnelles de masculin et féminin. Les personnes non-binaires peuvent se sentir en dehors de cette dichotomie de genre ou éprouver une combinaison d’éléments masculins et féminins en termes d’identité de genre.

Transidentité: personne dont l’identité de genre ou l’expression de genre ne concorde pas avec les attentes de la société à l’égard du sexe qu’on a assigné à cette personne à la naissance.

Ainsi, il est important de se rappeler que la notion de non-binarité est reliée aux notions d’identité et d’expression de genre, qui sont complètement différentes et séparées du concept d’orientation sexuelle. 

L’expression de l’identité de genre chez les enfants

Jouer à la poupée, faire rouler des camions, se déguiser en princesse ou jouer au baseball… ce sont des jeux pour enfants qui, de par nos constructions sociales et les stéréotypes que nous entretenons, ont été associés à un genre spécifique. Pourtant, la plupart des enfants, quel que soit leur sexe, joueront à un moment ou à un autre à des jeux « du sexe opposé », et cela n’aura pas d’impact sur son identité de genre. Il est vrai que dans certains cas, certains peuvent remarquer des signes indiquant qu’un enfant ne s’identifie pas strictement comme garçon ou fille, tandis que d’autres fois, il n’y a aucune indication apparente. Ce peut être des jeux, mais aussi des façons de s’exprimer, de s’habiller. D’ailleurs, Geneviève, maman de Cléo qui est née de sexe féminin, se rappelle:

« La première fois que Cléo m’a parlé de comment iel se sentait, iel avait 8 ans. Mais je n’avais jamais eu d’indices avant: iel jouait à des jeux de « filles », se déguisait en princesse, et à toutes sortes d’autres jeux. J’ai toujours fait attention de permettre à mes enfants d’explorer leur identité et de jouer à des jeux, de faire ce qu’ils voulaient, peu importe leur genre. », raconte Geneviève. Puis un jour, alors qu’iel avait 8 ans,Cléo m’a dit qu’iel ne s’identifiait pas comme un garçon ni comme une fille (ni un homme ni une femme). Qu’iel n’était ni l’un ni l’autre et qu’iel ne voulait pas qu’on le mette dans une catégorie ». 

Ce qui énervait le plus Cléo à ce moment-là, raconte Geneviève, c’était surtout la catégorisation des gens qu’iel rencontrait en public, par exemple à l’épicerie. 

« Ça l’énervait vraiment quand on était en public et que les gens la regardaient et voyaient sa coupe de cheveux courts et ses souliers roses et qu’iel se sentait jugé. Comme si on voulait mettre l’enfant dans une catégorie, mais que ça glitchait. Ça revenait beaucoup dans les discussions. J’essayais de ne pas l’influencer et de ne pas l’emmener à faire des conclusions. Puis, progressivement, iel a demandé de se faire raser un côté de la tête, a fait le ménage de sa garde-robe et a progressivement abandonné les vêtements typiquement féminins comme les robes pour se tourner vers des tenues vestimentaires plus gender neutral».

 Réagir à la “sortie du placard” d’un enfant non-binaire

Mais comment réagir quand son enfant se questionne sur son identité de genre et parle de non binarité? La première fois que Cléo a parlé de la façon dont iel se sentait, Geneviève est passée par toutes sortes d’émotions. Geneviève avoue que la première fois que Cléo lui a parlé de comment iel se sentait, elle a eu un deux heures de stupéfaction, de regrets.

« Mais ça a passé vraiment rapidement. J’étais tellement heureuse d’avoir un gars et une fille! Je me disais que la semaine précédente iel se prenait pour un extraterrestre de Jupiter et là iel me disait ça? Est-ce que c’était sérieux ou simplement un jeu? Mais au final, sur le long terme, après plusieurs semaines et plusieurs mois, ça revenait constamment, et ça avait l’air important pour iel ».

C’est à l’âge de 10 ans que Cléo a voulu en parler à son entourage et au reste de la famille et a demandé à ce qu’on utilise le pronom iel. 

« Le moment où iel a demandé à ce qu’on le dise à tout le monde, j’ai eu un réflexe de protection. J’ai eu un moment de recul. J’ai eu peur qu’iel se fasse blesser de façon permanente. On peut-tu y aller doucement, tu vas te faire intimider… au final, je ne demanderais pas à mon enfant de cacher qui iel est pour le “protéger” de potentielle blessure ou intimidation. Et comme on y va une chose à la fois, c’est plus facile. Et pour mon enfant il n’y a jamais eu de détresse, de larmes. C’était plutôt un questionnement, c’est ça qui est ça voici qui je suis. Je n’ai jamais eu le sentiment que c’était dramatique. Je devais être là pour l’écouter et le supporter, tout simplement ».

Cette écoute et ce soutien ont d’ailleurs des impacts positifs majeurs: selon une étude de 2012, les jeunes personnes en questionnement d’identité de genre qui disent recevoir un solide appui de leurs parents à l’égard de leur identité et de leur expression de genre ont 66% plus de chances d’avoir une bonne santé physique et 70% de chances d’avoir une excellente santé mentale que les jeunes qui ne bénéficient d’aucun soutien.  Des statistiques qui font assurément réfléchir à l’impact du soutien parental.

La réaction de l’entourage: de la famille à l’école

Quelques semaines avant l’anniversaire de 10 ans de Cléo, sentant la demande de son enfant venir, Geneviève a décidé d’en parler au père de Cléo dont elle était séparée et à sa conjointe. « C’est quelqu’un qui est ouvert d’esprit et aime ses enfants inconditionnellement, mais il est une personne plus traditionnelle. Je ne savais pas comment il allait réagir. Je ne savais pas si je faisais la bonne chose, mais je me suis dit que c’est peut-être mieux que papa soit avisé. Et j’ai été agréablement surprise.  À ce moment-là il y avait des personnes trans au travail et il avait été conscientisé. Ils ont été très accueillants avec Cléo, très ouverts, ça a été très beau de ce point de vue là ».

Le frère cadet de Cléo, quant à lui, ne comprenait pas vraiment au départ. « Quand on lui a dit qu’il fallait commencer à utiliser le pronom iel, il pensait que c’était le nouveau prénom de Cléo et qu’il fallait l’appeler comme ça. C’était drôle ». Puis, Cléo a demandé à ce que ses grands-parents maternels soient informés de la situation. 

 « Quand iel m’a demandé de le dire à ma mère, je lui ai dit au téléphone et sa réaction a été épouvantable. “C’est complètement ridicule, c’est un enfant, tu peux pas lui laisser faire n’importe quoi”. J’ai tenté de lui expliquer, mais c’est pas évident. Une semaine plus tard cependant, ma mère et mon père s’étaient informés, étaient allé voir sur Google, et comprenaient mieux. Ils ont fini par comprendre que c’était normal, que c’était quelque chose qui arrive même aux enfants. Ils ont changé rapidement leur barque de bord, mais ils étaient tellement pris au dépourvu et ne comprenaient pas au début. Et si ça avait été en face à face avec mon enfant, peut-être que ça aurait été horrible, que ça aurait laissé des marques, des blessures difficiles à réparer. Je pense que j’ai fait la bonne chose. Je leur ai permis de ne pas briser leurs liens avec mon enfant et aujourd’hui ils sont très proches ». 

Puis, à ses 11 ans, Cléo a demandé à ce qu’on en parle à ses amis et au personnel de l’école. 

 « Je sais que certains amis de mon enfant ont eu certaines réactions un peu poches “ça se peut pas, je vais continuer à parler de toi au féminin” mais deux jours plus tard, ça avait été digéré et c’était correct. Je sais qu’au secondaire c’est de plus en plus courant, mais au primaire c’est encore rare. À son école c’est le/la seul(e )».  « Le personnel de l’école a vraiment bien réagi aussi. C’est certain qu’il y a toutes sortes d’enfants, des jeunes qui aiment niaiser, écoeurer, des familles religieuses.. mais une des premières choses que l’école a voulu mettre en place était un “système de sécurité” pour Cléo, des personnes bienveillantes qui seraient toujours là pour Cléo si iel était victime, si il y avait des événements qui arrivaient… Tout le personnel est au courant et ça m’a vraiment sécurisée ».

Puis, un mois après avoir rencontré le personnel de l’école, Geneviève s’est rendue à la rencontre de parents. Et sa professeur lui a demandé si elle avait remarqué un changement de comportement chez Cléo.

« En classe, c’était vraiment le jour et la nuit. Iel s’est mis à participer, à s’épanouir contrairement à avant, où iel était plus réservé.e. Cléo sentait qu’iel n’avait plus besoin de se cacher, qu’iel pouvait être lui-même. Je ne l’avais pas anticipé mais c’est tellement une belle retombée! Quand on peut être soi-même et qu’on n’a pas besoin de se cacher on se sent tellement mieux, on est tellement en harmonie avec son environnement ».

Les défis et la beauté de la parentalité et du soutien d’un enfant non-binaire

Il est vrai qu’être parent n’est pas toujours de tout repos. Et c’est d’autant plus le cas avec un enfant qui se questionne sur son identité. Un des défis selon Geneviève fut de savoir comment se positionner et aborder des notions plus complexes comme l’arrivée de la puberté, le changement d’état civil, etc. avec son enfant. 

« Les jeunes enfants n’ont pas les outils ou le vocabulaire pour nous expliquer ces choses-là. C’est vraiment la responsabilité du parent d’aller s’informer, d’aller chercher des témoignages de personnes trans ou non-binaire pour mieux comprendre ce qui se passe avec son enfant sans que lui ou elle ait besoin de nous expliquer ce qui se passe parce qu’ils n’ont pas le vocabulaire ». 

« Pour Cléo, se serait déjà possible de changer son genre à l’état civil mais je préfère attendre après la puberté. Je sais que les changements de la puberté vont arriver, je lui en ai parlé, parlé des changements qui allaient arriver, des bloquants qui pourraient être utilisés mais pour iel, c’est vraiment pas ça qui a l’air important. Elle c’est son identité qui est importante, pas le physique. On verra plus tard si le besoin change ».

Il est important de souligner ici que chaque transition est unique, et qu’il n’existe pas de “bonnes” ou de “mauvaises” façons de transitionner. Certaines personnes ressentent le besoin de faire des changements à leurs apparences physiques alors que d’autres non, tout simplement. Et bien qu’il soit possible pour des adultes d’utiliser la chirurgie lors de transitions de sexe, il existe aussi d’autres solutions médicales aux conséquences réversibles pour retarder la puberté. Ces solutions permettent de laisser plus de temps aux enfants et adolescents afin qu’ils puissent réfléchir et comprendre les options qui s’offrent à eux et qu’ils soient en mesure de faire des choix plus éclairés.  

Bien que cela puisse paraître complexe, être parent d’un enfant gender-fluid, transgenre ou agenre n’est pas seulement difficile ou négatif, bien au contraire.

« Avoir un enfant qui a vraiment 10 ans, maintenant 11, qui est capable d’affirmer, de s’affirmer devant tout le monde qui iel est et qui n’a pas peur d’être différent. Je suis tellement fière d’avoir un enfant aussi courageux et aussi bon pour être lui-même! Ça me donne envie de pleurer à chaque fois ».

« Je ne sais pas comment je vois l’avenir, mais je suis quand même très confiante. Je ne pars pas du principe que la vie de Cléo va être plus compliquée ou difficile à cause de ça. Et pour ce qui est de penser que c’est une mode, je ne pense pas qu’un enfant comme Cléo, si jeune, “suit une mode”. C’est la première de son école, même si c’est vrai que c’est de plus en plus présent dans les écoles secondaires. On pourrait penser que c’est une mode. Mais c’est peut-être aussi parce que ces catégories-là ne nous conviennent plus tout simplement! On souffre tous des carcans dans lesquels on nous met. On a tous souffert de la rigidité de la définition de notre genre à un moment où à un autre. Si la nouvelle génération sort de cela, je ne pense pas qu’on devrait penser et s’arrêter et se dire “c’est juste une mode”. Peut-être justement qu’ils veulent se libérer. C’est comme dire c’est une mode recycler, que c’est une mode d’aller voir un psy pour régler ses problèmes. Et bien peut-être alors que tout le monde devrait s’y mettre! »

Recevoir du support des professionnels de la santé mentale 

Bien que l’exploration et le développement de l’identité de genre chez l’enfant constitue une période totalement normale, il est important de reconnaître que cela peut également être un moment complexe et délicat, autant pour les parents que pour l’enfant. Lorsqu’une personne questionne son identité de genre, elle peut éprouver de la dysphorie de genre, c’est-à-dire une discordance entre son identité de genre ressentie et le sexe qui lui a été assigné à la naissance, laquelle est associée à un sentiment de détresse ou d’inconfort. Les professionnels de la santé mentale spécialisés dans les questions de genre peuvent aider. Ces experts peuvent soutenir l’enfant dans ses réflexions, l’aider à naviguer à travers les émotions complexes et parfois contradictoires qui peuvent être vécues. Ils peuvent également apporter un soutien précieux aux familles et accompagner chacun des membres à son rythme. Certains parents auront besoin de plus de temps et de support et vivront l’affirmation de genre de leur enfant un peu comme un deuil. Les professionnels fournissent des conseils éclairés et des stratégies pour favoriser un environnement bienveillant et inclusif, où l’enfant peut s’exprimer librement et être soutenu dans son parcours d’exploration de son identité de genre. Leur expertise joue un rôle essentiel dans l’accompagnement de l’enfant et de sa famille tout au long de ce processus.

Si vous ou votre enfant en ressentez le besoin, sachez que Familio dispose d’experts en santé mentale et en services sociaux spécialisés dans les questions d’identité de genre qui sont prêts à vous aider. Nos professionnels qualifiés sont disponibles pour fournir un soutien adapté aux parents et aux enfants qui traversent cette période d’exploration de l’identité de genre. Que vous ayez des questions, des inquiétudes ou que vous cherchiez simplement des conseils pratiques, notre équipe est là pour vous offrir un espace sûr et bienveillant. Nous comprenons les défis auxquels vous pourriez être confrontés et nous sommes déterminés à vous accompagner tout au long de ce parcours, en vous offrant des ressources spécialisées et un soutien personnalisé. N’hésitez pas à nous contacter afin d’avoir plus d’informations sur la façon dont nos experts peuvent vous aider dans cette démarche essentielle pour le bien-être de votre enfant et de votre famille.

Quelques ressources destinées aux parents

Vous êtes parents d’un enfant non binaire, transgenre ou qui se questionne sur son identité de genre? Voici quelques ressources qui pourraient vous intéresser: